lundi 29 janvier 2007

Petite pause à Marrakech



Ce week-end, pour me ressourcer, je suis allée avec ma famille à Marrakech. Ca m’a fait un grand bien. Parfois dans la vie, on a besoin de prendre du recul et de réfléchir sur son avenir, sur ce que l’on compte faire dans sa vie. Et cette réflexion, c’est comme une pâte à pain marocain. Il faut la couvrir et la laisser reposer.
Ce que je voulais, c’était juste quitter un peu la pollution et le stress made in Casablanca pour me balader dans les rues envoûtantes de Marrakech. Le Maroc est incroyablement beau. Chaque ville a son charme, son climat et son peuple. Ayant vécu quatre ans, loin de mon pays, je le retrouve petit à petit. Il n’y a que les marocains qui ont quitté le Maroc il y a 60 ans ou tout simplement pour des études pour savoir de quoi je parle. Un marocain n’est pas un marocain s’il ne vit pas au Maroc. Ici, il y a un savoir – vivre. Un savoir – vivre que nous envie ces français et touristes qui s’arrachent les maisons de nos villes. Et ce qui m’a extrêmement marqué. Autour de la place Jemâa El Fna, Marrakech est un chantier hallucinant : nouveaux magasins franchisés, appartements à louer, villas…La ville perd peu à peu son âme. Les grues la tuent peu à peu. Je me suis extrêmement sentie mal à l’aise dans ses rues. Nous avons déjeunés dans un restaurant connu et en y entrant, il n’y avait que des français : touristes et nouveaux habitants de la ville. Je ne me suis pas sentie au Maroc. Pas un seul marocain à l’intérieur, à part les serveuses, bien sûr.

Un peu plus tard, je me suis très vite réfugiée dans les labyrinthes des souks marrakechis. Là bas, je pouvais souffler et admirer la vie qui prenait son cours. Je ne voulais rien acheter. Juste regarder et me réapprovisionner de souvenirs. J’assistais aux disputes entre les clients, les injures en arabe que lançait un vendeur à un couple européen qui n’avait rien acheté. Les pauvres, ils ne comprenaient rien. Je voyais des hommes qui restaient immobiles , tels des statues et qui attendaient. Quoi ? Je n’en savais rien. Les couleurs des petites boutiques étaient un vrai régal pour les yeux. Je priais au fond de moi pour que Dieu ne me confisque jamais la vue pour pouvoir assister à ces arcs-en-ciel. Je ne savais pas où donner la tête. Je n’avais pas un seul sou dans ma poche mais je demandais à presque chacun des vendeurs combien coûtait telle paire de babouche ou tel pouf. Juste histoire de leur parler et essayer de savoir si je n’avais pas perdu mes qualités de négociatrice.

Ce qui est dommage, c’est qu’il faut s’absenter du Maroc un certain temps pour réaliser que le Maroc est un magnifique pays qui avance à une allure folle. Certes, il y a des choses qui doivent être améliorées. Mais c’est partout pareil. On a rien à envier à la France, aux USA ou autres pays qui se disent modernes et démocrates.
En écrivant cette article, je pense spécialement à toutes ces personnes qui sont obligées de quitter le Maroc illégalement et qui risquent leur vie pour atteindre le mirage de l’eldorado Européen. Si seulement, elles avaient un travail, jamais elles ne partiraient. Car personne ne quitte sa patrie et sa famille si on n’a pas un avenir fixe. Ce que je souhaite de tout cœur c’est que le virage que connaît actuellement le Maroc profite aux Marocains et non pas qu’aux européens qui viennent coloniser notre pays. Parce que c’est une nouvelle forme de colonisation. Les colons ne connaissent pas les queues interminables pour renouveler leur carte de séjour ou visa. Ou ils n’ont jamais été touchés par des remarques racistes. Non bien sûr ! Ils viennent sur notre sol et sont accueillis les bras ouverts comme des sauveurs qui ont réponse à tout. Mais il faut savoir être patient car les marocains n’ont pas dit leur dernier mot.